Savez-vous comment se nourrissait le GI ?

Les rations américaines conçues et fabriquées pendant la Seconde Guerre mondiale sont un modèle du genre. De 1941 à 1945, l’US Army est en mesure de ravitailler ces forces armées opérant à des milliers de kilomètres en envoyant des quantités colossales de nourriture parfaitement conditionnée et adaptée aux besoins des combattants. Les rations militaires modernes sont les dignes héritières de ces rations.

La qualité de la nourriture contribue au maintien de la cohésion et du moral de la troupe. Chaque armée s’évertue à fournir à ses combattants des rations alimentaires suffisantes. À l’arrière, les cuisines roulantes et les boulangeries de campagne permettent de préparer les repas chauds composés de vivres frais ou déshydratés. Les hommes postés sur le front emportent des rations de combat limitées en taille et en poids, pour couvrir leurs besoins énergétiques sur plusieurs jours. Elles se composent de biscuits ou de pain de guerre, de conserve de viande ou de fromage, de légumes déshydratés, de matières grasses, de café, de sucre, de confiserie et de quelques cigarettes. Leur contenu peut être réchauffé grâce à de petits réchauds individuels.  Des barres de chocolat vitaminé, des pâtes de fruit ou des biscuits fournissent un apport calorique lorsque la situation l’impose. Quand cela est possible, les combattants s’approvisionnent en produits frais auprès des Normands.

Le Private Joseph De Freitos de Yonkers (Etat de New York) appartenant au 41st Armored Infantry Regiment de la 2nd US Armored Division fait chauffer sur un réchaud Coleman une conserve de C-ration. (c) NARA – Colourise.sg
Chaque soldat disposait d’une gamelle, de couvert, d’un quart et d’un réchaud à individuel à alcool. (c) TdG

Les rations américaines ne sont pas forcément les meilleures sur le plan gustatif, mais le niveau de standardisation atteint, le packaging compact et protecteur répondant parfaitement aux besoins logistiques d’un armée engagée outre-mer en font des modèles du genre, un avis que les soldats alimentés pendant de longue période étaient loin de partager. La field ration américaine est conçue pour être utilisée occasionnellement par les GI’s. Selon leur fonction, le type de ration diffère. On compte 6 catégories distinctes : C, K, D, B et A. La A-ration (aliments frais) et la Bration (aliments en conserve préparés en cuisine) sont consommées à l’arrière.

Les rations sont conditionnées dans des boîtes en carton paraffinées et des caisses en bois standardisées (ici pour des C-rations) portant facilement transportables et empilables. Les marquages permettaient de connaître le fabricant, le poids, le lot et la date de fabrication. (c) TdG

La C-ration

La C-ration représente un jour de nourriture. Composée de 6 boîtes de conserve (M-unit) de 340 grammes (12 oz), Elle permet de remplacer la Kration, variant ainsi les menus des GI’s. Il y avait trois types de plat : viande et haricots, viande et pommes de terre au hachis ou ragoût de viande et de légumes. Une boîte contenant du biscuit de guerre et des friandises est fournie (B-unit) de même qu’un paquet contenant des morceaux de sucre, une cuillère en bois, du chewing-gum, des cigarettes, un paquet d’allumettes, un ouvre-boîte et … du papier hygiénique. La C-ration est assez peu appréciée des combattant qui trouvent les conserves trop encombrantes et les menus trop peu variés. En outre, la qualité est variable selon le fabricant.

La ration 10 in 1

Apparu en 1943, la ration 10 in 1 est prévue pour nourrir 10 hommes sur une journée. Le nombre de menus est porté à cinq, offrant une plus grande variété. Le contenu change au cours du conflit mais le principe de base reste le même. Le menu type est constitué de plats en conserve (beurre, café soluble, pudding, viande, confiture, lait déshydraté, légumes, biscuits, céréales, limonade en poudre, friandises, du sel et du sucre sans oublier les accessoires. Le carton d’un poids de 22,70 kg (50 pounds) contient quatre petits cartons, deux marqués first half of 5 rations et deux autres second half of 5 rations. La taille des cartons diffère légèrement. Une bande adhésive texturée est collée dans l’angle des boîtes first half of 5 rations pour les reconnaître au toucher.

Exemplaire d’un carton de « 10 in 1-ration » et son rare carton protecteur produit par l’American Chickle Company. Il contient le Menu #3 et la date tampon indique que le tout a été fabriqué en juin 1944. (c) TdG
Des soldats afro-américains transbordent des cartons « 10 in 1-ration» d’un Landing Craft Infantry (LCI) dans un Landing Craft Mechanized (LCM) au large des côtes normandes. Les cartons sont recouverts d’une protection cartonnée et cerclés. (c) NARA – Colourise.sg

La « K-ration »

Elle est développée à l’origine par le physiologiste Ancel Keys à partir de 1941 à la demande de l’Army Quartermaster Corps qui souhaite se doter d’un modèle de ration individuelle non périssable suffisamment riche pour nourrir les soldats engagés sur le front pendant deux semaines. Ses recherches aboutissent à un modèle de ration pesant 870 grammes pour 3 400 calories. L’US Navy puis l’US Army Air Force reprennent ses préconisations et mettent au point des prototypes qui aboutissent à la K-ration. Elle est évaluée par des parachutistes lors d’une mission de trois jours dans la jungle du Panama. C’est un succès. Son usage est finalement étendu à toutes les composantes de l’US Army en 1942. Elle se compose de 3 boîtes, une pour chaque repas (breakfast unit, supper unit, dinner unit). L’emballage extérieur paraffiné est étanche aux gaz et à l’eau. Une ration complète pèse de 1 300 à 1 400 grammes selon les variantes et fournit 2 800 calories. 105 millions d’unités sont fabriquées en 1944. L’emballage en carton indique la nature du repas et donc du contenu. À partir du mois de mai, de nouvelles boîtes colorées font leur apparition, mais elles seront distribuées après la campagne de Normandie compte tenu des stocks à écouler.  

Le contenu d’une boîte de K-ration. Les aliments en conserve et sous cellophane sont conditionnés dans une boîte en carton paraffinée elle même protégée par un suremballage. Les boîtes fin de guerre comme celle-ci se différencient par leur couleur : rouge (Breakfast), bleu foncé (Dinner) et vert (Supper). (c) TdG
Un Medic de la 2nd US Infantry Division (Indian Head) lit son courrier ses derniers V-Mails. Un carton de K-ration Supper est au bord de son foxhole. (c) NARA – Colourise.sg
Des soldats américains transforment un pas de porte en cantine de fortune (c) NARA – Colourise.sg

La « D-Ration »

Il s’agit d’une ration d’urgence élaboré par le Colonel Paul Logan du Quartermaster Corps et la société Hershey Chocolate Corporation. Une barre de chocolat très dense pesant environ 114 grammes (4 oz) est dotée d’une valeur énergétique équivalent à 600 calories. Elle peut rester exposé à une température de 50°C pendant une heure en conservant sa consistance. Son goût est à peine meilleur que celui d’une pomme de terre bouillie afin d’éviter que les hommes ne la consomment trop facilement. La composition est la suivante : farine d’avoine, liqueur et beurre de cacao, lait écrémé en poudre, sucre, arômes artificiels. La barre de chocolat est conditionnée dans un emballage en carton paraffiné assez compact pour que les soldats puissent la ranger dans leurs poches. La notice indique qu’elle peut être mangée très lentement (15 minutes) ou bien être dissoute dans de l’eau chaude si besoin.

La barre chocolatée Hershey Tropical de 57 grammes (2 Oz). Le terme « Tropical » rouge indique qu’il s’agit d’une production de guerre. A partir de 1947, il est imprimé en bleu. (c) DR
Cette D-ration en parfait état a été produite par la Herhey Chocolate Corporation. (c) TdG

(c) Tous droits réservés. Christophe Prime, avril 2020.

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