
En temps de guerre, les enfants deviennent des enjeux politiques et pédagogiques à part entière. Avant et pendant la Première Guerre mondiale, la production de jouets et de jeux patriotiques et guerriers a été particulièrement prolifique, tout particulièrement en France. Elle va l’être tout autant lors du second conflit mondial. Une partie des jeux de société et des jouets produits en temps de guerre s’inspirent des événements militaires et transmettent des messages à la jeunesse. Les fabricants, et à travers eux les États en guerre, cherchent à faire du profit en surfant sur les exploits militaires de leurs armées. Ils conditionnent de manière plus ou moins volontaire les esprits de ces générations en devenir et les préparent à la guerre.
En Allemagne, les fabricants de jouets accompagnent la nazification et la remilitarisation du pays à partir de l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. Le plus souvent, les jeux de sociétés basiques sont « militarisés » en changeant le visuel de la boîte, mais certains adaptent plateau, pions et règle du jeu, transformant le jeu de propagande en outil d’apprentissage à des fins militaires.
Voici un jeu particulièrement intéressant. « Mit Prien Gegen England » est basé sur l’exploit du sous-marin U-47 commandé par Gunther Prien. Le 13 octobre 1939, il parvient à pénétrer dans la rade de Scapa Flow au nord de l’Ecosse et envoie par le fond le cuirassé britannique HMS Royal Oak avant de revenir en Allemagne. Cet exploit extraordinaire fut intensément exploité par la propagande nazie. Ce jeu de plateau commercialisé en 1941 par la firme « Franz Schmidt » de Nuremberg permet aux joueurs de refaire cette mission. Les dangers sont nombreux sur le parcours de l’U-47 : sous-marins, torpilleurs, batteries côtières, avions, mines à orins et filets anti-submersible, etc.
La portée de tels jeux ne doit pas être surévaluée. La majorité des enfants continuent de jouer à des jeux classiques non belliqueux. N’oublions pas que les fabricants alliés vont faire de même de leur côté.